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Un communiqué du Col·lectiu Emma

La Constitution espagnole sert d’excuse pour dissimuler le refus de dialogue

Lorsque le mouvement indépendantiste a pris l’essor qu’il a aujourd’hui, que les termes « référendum » et « consultation » – issus de deux manifestions de masse ayant rassemblé chacune plus d’un million et demi de personnes qui exigeaient de pouvoir voter – se sont imposés sur la scène publique, qu’une majorité de partis politiques catalans a décidé d’écouter le peuple et d’organiser le référendum en question, près de 90% des forces politiques espagnoles ont serré les rangs et se sont retranchés comme un seul homme derrière une réponse uniformisée : ce n’est pas possible ; c’est illégal ; la Constitution qui protège tous les Espagnols l’interdit.

Devant une telle manipulation, un certain nombre de juristes ont fait des déclarations en réfutant ces affirmations, en particulier les trois « pères » encore en vie de cette ConstitutionLe journaliste Iu Forn a tenu à souligner, dans l’article ci-après, que ceux qui ne l’avaient pas voulue l’ont actuellement séquestrée.

Ils se sont appropriés la Constitution
Par IU FORN, paru dans l’édition du 11 avril 204 du quotidien « Ara »

La Constitution espagnole de 1978 a été intégralement conçue et rédigée par sept personnalités : Gabriel Cisneros, Manuel Fraga, Gregorio Peces-Barba et Jordi Solé Tura décédés depuis ; Miguel Herrero y Rodríguez de Miñon, José Pedro Pérez-Llorca et Miquel Roca, toujours en exercice. Ces trois derniers sont donc les véritables détenteurs de l’autorité et la légitimité sur le texte constitutionnel dont ils sont les pères. Étrangement, pourtant, ce sont les « convertis » et les nouveaux venus qui se sont appropriés le texte et s’arrogent le droit de l’interpréter à leur guise, en lui faisant dire ce qu’ils voudraient qu’il dise. De quels « convertis » s’agit-il ? De José María Aznar par exemple, qui en 1979 écrivait dans le journal « La Nueva Rioja » : « Il y a des moments où l’abstention est justifiée. Y compris une abstention belligérante comme ce fut le cas, il y a quelques mois, lors du référendum constitutionnel. » Ou encore de son parti, l’alors « Alianza Popular », qui avait émis cinq des six voix contre et deux des quatorze abstentions, lors du vote du texte constitutionnel définitif à la Chambre des députés espagnole.

Et qu’en disent-ils les pères de la Constitution ? J.P Pérez-Llorca mise sur une réforme fédérale ; Miquel Roca déclarait dimanche dernier au quotidien « Abc » qu’ « une consultation sur la souveraineté peut être constitutionnelle » ; quant à Miguel Herrero de Miñón, il ridiculisait avant-hier les arguments unionistes en déclarant que « seuls les mauvais juristes s’en tiennent à la lettre des lois », en ajoutant un peu plus loin : « S’il y a volonté politique, une place juste et singulière peut être trouvée pour une Catalogne au sein de l’Espagne, sans changer une virgule de l’essence de la Constitution ». Mais, c’est bien connu, les intégristes font dire à leurs textes sacrés ce que bon leur semble, non ce qui est écrit.