Dans ce livre publié en 2017 (336 pages), j’avais demandé à quelques personnalités de me donner leurs impressions (ils avaient carte blanche) sur notre région de cœur, appelée Pyrénées Orientales, Roussillon ou Catalogne Nord. Au total ce sont onze réponses qui composent le chapitre 14. Ci-dessous en voici quatre.
Catalans del Nord
Sebastià Girard. President d’Arrels
L’Association Arrels s’est créée en 1981 pour dynamiser la langue catalane et sa transmission en Catalogne-Nord. Un projet ambitieux et volontariste.
Ràdio Arrels naît dans
le joyeux tourbillon
des radios libres
du printemps 81.
Partie de rien, cette radio associative que d’aucuns pensaient éphémère a résisté à tous les écueils : les sirènes des réseaux commerciaux, les difficultés de financement, le dur apprentissage des évolutions technologiques et du professionnalisme.
Ràdio Arrels s’est installée dans le paysage radiophonique comme doyenne des radios locales sur son territoire et n’a jamais dérogé à ses principes : une information et une musique de qualité, une communication sociale de proximité ouverte à tous … un véritable service public catalan. Ràdio Arrels a redonné le goût de parler et d’écouter le catalan en toute normalité. De ce point de vue, la radio remplit une mission pédagogique. Aujourd’hui Ràdio Arrels ce sont quatre fréquences et un site d’information numérique en direction des Catalans du nord mais ussi vers l’ensemble des Pays Catalans, au sud.
Le deuxième pilier d’Arrels,
c’est l’enseignement.
La première école qui se lance dans l’apprentissage du catalan écrit dès le cours préparatoire depuis le traité des Pyrénées voit également le jour en septembre 1981. D’abord associative, l’école devient publique en 1995 sans renoncer à l’immersion et au bilinguisme, du jamais vu dans l’Education Nationale. Une deuxième école ouvre en 2015, toujours à Perpignan, au Vernet après le site de la place Cassanyes. Trois cents enfants sont scolarisés et beaucoup plus le seront quand les dotations de l’Etat répondront aux demandes des parents. La marge de progression est très importante et les années à venir le démontreront. Le modèle linguistique et pédagogique que prône Arrels, à savoir une pyramide où tout commence en catalan pour terminer quasiment en français, permet de mieux préparer l’enfant à une maîtrise du bilinguisme (catalan/français). Ce modèle n’a pas vocation à rester confidentiel, notre souhait est de le voir proposé comme une offre du service public à tous les parents et dans toutes les communes. C’est à ce prix que la « llengua dels avis » redeviendra « la llengua dels nins i nines ». C’’est non seulement possible, mais indispensable pour l’équilibre et la réussite de nos enfants et du territoire. Transmission par l’école et par les médias, le crédo d’Arrels … per que les arrels donguin bonics fruits.
- Sebastià Girard
President d’Arrels
Catalans del Sud.
Domènec Espadalé,
president de la Cambra de Comerç
de Girona
l territori català, una unió que creix.
Malgrat compartir història, llengua i cultura, la Catalunya del sud i la del nord han viscut durant massa anys donant-se l’esquena, o si més no, sense els potents llaços econòmics, polítics o culturals que s’hauria d’esperar de dos territoris germans.
Crec que des de fa uns anys, aquesta situació comença a canviar. En una enquesta que les cambres de comerç vam realitzar fa uns anys a les empreses de l’espai transfronterer català, ens vam trobar que un 76% dels empresaris volien fer negocis dins d’aquest espai.
No el veien com un territori aliè, sinó que el consideraven un espai essencial per a les seves transaccions comercials. Es detectava una connexió comercial més forta entre Girona i els Pirineus Orientals, així com entre Lleida i Andorra.
Rapports interrégionaux des Chambres de Commerce et d’Industrie : Girona, Lleida, Perpinyà, Andorra, Ariège,
Haute Garonne (Note de JV)
Un dels obstacles que ens feien notar les empreses era el desconeixement dels possibles proveïdors. Però també és veritat que, entre tots els enquestats, a
una banda i altra de la frontera, més de la meitat reconeixien que ja havien tingut alguna experiència de treball amb empreses de l’altre costat. Això segurament ha anat a més. La interdependència i la necessitat de cooperar han ajudat a crear més vincles, tant econòmics com culturals. Les polítiques de la comunitat europea també han contribuït molt a acostar els territoris. La Cambra de Girona participa al projecte Pirineus Med, dotat amb fons europeus, que vol incentivar l’espai econòmic de les cambres de Girona, Perpinyà, Andorra i Lleida. La manca d’informacions pràctiques és la barrera més important que hem detectat, per això, dins aquest programa europeu, estem format tècnics transfronterers, que s’ocuparan de les feines d’assessorament i tenen per davant la important tasca de dinamitzar l’economia d’aquest espai privilegiat d’Europa. També estem pressionant per tal que el govern espanyol cobreixi les importants mancances del Corredor Mediterrani. Unes bones comunicacions contribuiran a impulsar l’economia i la cultura. Per primer cop, empresaris i cambres de comerç de tot l’arc Mediterrani, s’han posat d’acord per exigir unes millores que incrementarien la nostra competitivitat empresarial.
També em sembla que cal destacar una represa cultural. Cada cop hi ha més joves que comencen a estudiar el català a les escoles i les previsions derrotistes sobre el futur de la llengua catalana a la Catalunya del Nord comencen a retrocedir. Sóc en general molt optimista respecte al futur. Crec que aquest territori anirà guanyant pes polític i comercial. Les institucions de govern de l’espai català seran cada cop més potents, més properes, menys dependents dels estats centralistes, i aniran guanyant capacitat d’actuació. Els ciutadans i les empreses així els ho exigeixen.
Résumé des dernières lignes.
« Je suis en général très optimiste en ce qui concerne le futur. Je crois que ce territoire ira en gagnant du poids, politique et commercial. Les institutions de gouvernement de l’espace catalan seront de plus en plus puissantes, moins dépendantes des états centralistes. »
- Domènec Espadalé,
president de la Cambra de Comerç de Girona
Catalans del Nord
Patrick Bolfa.
Exploitant agricole.
Et au début, il y a l’histoire…
Cette agriculture est faite de rudesse, d’adversité, de courage et d’économies, celle dont peu de nos technocrates ou de nos politiques se souviennent, eux qui montrent si peu d’égards à nos aïeuls, en leur laissant les retraites les plus misérables du système. Celle donc, de mes grands-parents, de mes oncles et tantes, de mes parents et beaux-parents, ceux qui ont construit le socle de notre entreprise, ce socle solide qui au fil des ans a défini les fondations de REART VALLEE. Une institution familiale qui a construit sa réussite et sa compétence sur l’acharnement au travail et l’amour du métier. Celle de nos salariés de trente ans, qui depuis le début, ont contribué corps et âmes à la réussite de l’entreprise, avec une conscience professionnelle irréprochable.
Nous avons les uns et les autres, pas à pas construit l’avenir pour que naisse dans les années 80, à Trouillas sur les berges du Réart, REART VALLEE, société garante de l’identité d’un terroir et des hommes qui l’habitent. Ces années là, où la concurrence des autres pays européens était rude, avec l’entrée officielle en 1986 de l’Espagne et du Portugal, et où il fallait se faire un Nom pour continuer d’exister. Cette période était un tournant dans le paysage agricole, avec des exploitations qui devaient grandir, pour être plus compétitives. Finie l’exploitation familiale, l’appel de la mondialisation se faisait déjà sentir. Certaines exploitations Espagnoles ou Italiennes parlaient déjà de centaines d’hectares, alors que nos « belles » exploitations ne dépassaient pas la vingtaine. Vous l’avez compris, la croissance était inéluctable. Au fil des ans l’exploitation a grandi. Décuplé en dix ans et triplé en dix ans de plus, pour atteindre 530 hectares aujourd’hui. Mais est-ce l’aboutissement réel pour notre agriculture Catalane, celle dont nous avions rêvé, quelle est la taille idéale ? Je pense que nous n’avions pas la maîtrise de notre avenir. Nous nous sommes simplement adaptés à la demande de nos clients ; la grande distribution. Laquelle, ayant besoin de très gros volumes, à finalement su par ses exigences et ses insistances, nous pousser à l’extravagance…
Malgré tout, nous avons de plus en plus de mal à rester compétitifs, tant les distorsions de charges avec les autres pays producteurs sont élevés. Produire demain en Roussillon sera d’une stratégie extrême. Maîtrise des dépenses et de la main d’œuvre, gestion de l’agro-écologie et de l’éco-responsabilité ; les exigences de demain seront-elles supportables ? Dans une Europe en pleine mutation. Est-ce que l’avenir de notre département n’est pas de se nourrir, de ce flux de l’Europe du sud vers l’Europe du nord ? Nous sommes les gardiens de la porte de la caverne d’Ali Baba, à nous de trouver les paroles magiques.
Les jardins de l’Europe que nous étions dans les années 70 se sont déplacés vers le sud. Peut-être faut-il allier notre agriculture à celle des autres ; redevenons ce que jadis nos ancêtres Catalans étaient : des commerçants émérites. Les Rois de Majorque ont bâti un empire, ne baissons pas les bras, nous avons à bâtir un petit royaume dans un éden Roussillonnais. Soyons opportuniste, « les trains ne passent qu’une fois », et les camions rentrent à vide… « L’homme qui pense aujourd’hui à son avenir, sera sûrement plus chanceux demain ».
Bona sort a tots ! Bonne chance à tous !
- Patrick Bolfa,
Exploitant agricole.
Catalans del Nord
Robert Bassols.
Président de la Chambre des Métiers des Pyrénées-Orientales
(réélu en 2021)
Un avenir pour mon pays au passé si tumultueux et chargé d’histoire, voilà qui laisse songeur… Ce n’est ni son climat si agréable ni sa géographie si particulière, une plaine entourée de montagnes et s’ouvrant sur la mer comme un écrin, qui font de ce pays un lieu privilégié mais bien le fait qu’il est avant tout un axe majeur de l’économie méditerranéenne.
C’est sur ce point que nous devons concentrer toutes les forces vives de notre département, ne pas laisser passer devant nous le TGV de la modernité en donnant l’impression d’être passifs et suffisants, le tourisme même s’il a son importance, n’est qu’une partie infime de notre avenir, l’artisanat de qualité et l’innovation numérique doublés d’un développement commercial agressif, doivent nous permettre non seulement de conserver nos jeunes entrepreneurs inventifs, mais surtout d’en faire venir de l’extérieur sur le territoire.
Port-Vendres est le premier port des côtes françaises en provenance du sud, l’autoroute est un passage obligé dans l’axe nord-sud, l’aéroport ne demande qu’à s’éveiller pour les échanges européens ; à ce sujet, transporter des hordes de touristes même si cela est nécessaire n’est qu’un axe secondaire, priorité aux échanges commerciaux et aux liaisons facilitant les échanges industriels et innovants.
L’innovation et son développement, ce thème doit être notre leitmotiv, il y a ici un potentiel énergétique sans commune mesure nulle part ailleurs en France, nous devons en profiter, développer les nouvelles technologies, la biologie agronomique l’alternative énergétique, l’écologie positive entre autres doivent se développer sur notre territoire : il faut devenir un pôle d’exigence du développement de ces «nouveaux» métiers non seulement en aidant les créateurs locaux et en faisant venir les créateurs extérieurs mais aussi en formant les jeunes aux nouveaux métiers en développant nos structures de formation que sont le CFA des Métiers à Rivesaltes, le centre de formation de la CCI à Orles et le campus de l’UPVD, c’est sur cet axe là que doivent porter les efforts de la région et de l’état.
Notre passé est prestigieux, notre avenir doit le rester, je dis toujours dans mes discours envers les artisans, « à nous d’inventer l’artisanat de demain », et bien, à nous d’inventer notre avenir économique, la Catalogne-Sud est un phénomène économique hors normes qui se trouve à nos portes et qui a besoin de passer devant chez nous pour s’exporter, nous n’avons que l’embarras du choix, nous sommes la porte économique de la grande région qui est la nôtre et de celle qui est notre région maternelle, « ser Català es fer país », alors oui, l’avenir est déjà notre présent ainsi nous pourrons devenir cette porte sur le futur qui nous rapprochera tant de notre glorieux passé tout en restant Français et en gardant notre âme Catalane.
- Robert Bassols.
Président de la Chambre des Métiers des Pyrénées-Orientales
Amics per sempre….. Fins aviat …. Dimecres…… Joan Villanove