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Qu’est-ce que l’ANC (Assemblea Nacional Catalana) ?

L’Assemblea Nacional Catalana (Assemblée nationale catalane) est une organisation à caractère transversal, unitaire, pacifique et démocratique née de la société civile de Catalogne. L’acte de sa constitution a eu lieu le 10 mars 2012 à Barcelone, au stade Palau Sant Jordi. Elle a comme seul objectif celui d’atteindre l’indépendance de la Catalogne par des moyens pacifiques et démocratiques. Début 2013 elle compte plus de 12 000 adhérents, 8000 sympathisants, 350 assemblées territoriales partout dans le pays et 45 assemblées sectorielles. Elle n’est liée à aucun parti politique, mais est ouverte à toute personne qui soutient l’indépendance de la Catalogne par des moyens pacifiques.

L’ANC prend ses racines dans la défense de la volonté du peuple catalan de récupérer sa liberté et sa pleine souveraineté. Elle est l’héritière d’une part de l’Assemblée de Catalogne née sous la dictature de Franco il y a quarante ans, dont l’objectif était de recouvrer la liberté, la démocratie et le droit à l’autodétermination du peuple catalan, et d’autre part d’organiser des consultations sur l’indépendance comme celles qui se sont succédées en Catalogne entre 2009 et 2011.

Pour atteindre la pleine liberté, l’ANC travaille positivement avec la plus grande générosité pour parvenir à ce que tout le monde rejoigne ce projet collectif, afin de convaincre les citoyens du besoin de ce que la Catalogne se constitue en état indépendant, et ce avec le consensus le plus large possible. Nous œuvrons à l’établissement d’un état souverain à nous, capable avec ses propres institutions d’assurer un avenir meilleur pour toute personne y habitant.

Notre première grande campagne a été la Marche vers l’Indépendance, qui a débuté le 30 juin 2012 et a réussi à organiser des centaines d’actes revendicatifs mobilisant des milliers de personnes toutes les semaines partout dans le pays. Son point culminant a été marqué le 11 septembre 2012 par une manifestation historique qui a eu lieu à Barcelone et a réuni entre 1 500 000 et 2 000 000 de personnes sous la devise « La Catalogne, un nouvel état d’Europe ».

Processus :

L’historique manifestation a eu lieu le 11 septembre car c’est le jour national de la Catalogne, la date où les Catalans commémorent la chute de Barcelone et la défaite de la Guerre de Succession aux mains de l’armée du roi espagnol Philippe V Bourbon en 1714. Cette défaite avait abouti à ce que la Catalogne, qui avait été jusqu’alors une nation souveraine, soit privée de ses libertés nationales par le biais de la mise en application du Décret de Nueva Planta, voyant ainsi annulées ses lois et prohibée sa langue, le catalan.

Après un siècle d’infructueux efforts de la part de l’État espagnol pour assimiler la culture catalane, la réponse est venue au XIXe siècle de la main du mouvement appelé la Renaixença (la Renaissance), qui a entraîné une nouvelle étape d’expansion de la langue et de la culture catalanes. Cependant, la récupération de certaines libertés n’est arrivée qu’en 1932, suite à la proclamation de la IIème République espagnole, qui a doté la Catalogne d’un Statut d’autonomie. Néanmoins, ces avancées ont été stoppées à nouveau en 1936 avec l’arrivée de la dénommée Guerre civile et la dictature de Franco qui s’ensuivit. La dure répression de l’après-guerre a tenté d’éliminer toute trace d’identité catalane et d’opposition au régime. Un événement marquant en fut l’exécution de Lluís Companys, Président de la Catalogne, fusillé, qui est ainsi devenu le seul président européen élu démocratiquement à être assassiné par un régime fasciste. À l’heure actuelle, l’État espagnol n’a toujours pas annulé le conseil de guerre qui l’avait condamné.

Avec la fin de la dictature de Franco et le processus de transition ultérieur, un nouveau Statut d’Autonomie pour la Catalogne a été approuvé (1979) qui, le temps aidant, s’est avéré tout à fait insuffisant. Ceci a abouti en 2006 à un essai de nouvelle rédaction du texte, qui a été décapité par la Cour constitutionnelle espagnole, brisant ainsi la dernière possibilité d’entente et d’union entre la Catalogne et l’Espagne. La réaction à cette attaque contre un Statut adopté démocratiquement et ratifié par référendum a été la grande manifestation du 10 juillet 2010 à Barcelone, où plus d’un million et demi de Catalans sont sortis dans la rue sous la devise « Nous sommes une nation. C’est nous qui décidons ». L’assistance massive a dépassé les organisateurs, et ce qui devait être une manifestation en soutien à un Statut est devenue une clameur indépendantiste.

Il faut souligner qu’entre-temps, à partir du 13 septembre 2009, un autre mouvement a vu le jour en Catalogne : les Consultations sur l’indépendance. La première a eu lieu à Arenys de Munt, village du Maresme nord barcelonais. Les consultations consistaient en des référendums citadins, organisés par la société civile sans un quelconque soutien des institutions, et au cours desquels la question suivante était posée aux citoyens : Êtes-vous d’accord que la Catalogne devienne un état de droit, indépendant, démocratique et social, intégré à l’Union européenne ? Plusieurs votes se sont succédé (13 décembre 2009, 28 février 2010, 25 avril 2010) dont le dernier le 10 avril 2011 dans la ville de Barcelone. Au total, ce mouvement a réussi à ce que presque 900 000 personnes puissent exprimer leur volonté de façon libre et démocratique. L’objectif de ces votes était de pouvoir promouvoir un référendum contraignant partout en Catalogne. Il est à souligner que plus de 90 % des voix émises ont été pour.

Le 13 septembre 2009 aussi, en même temps qu’avait lieu à Arenys de Munt le premier vote, un groupe d’indépendantistes de longue date a décidé qu’il fallait surmonter les différences qui avaient caractérisé le mouvement indépendantiste par le passé en vue de réussir à mettre sur pied un mouvement unique, le Mouvement pour l’Indépendance. Ce groupe s’est mis en contact avec d’autres militants historiques avec qui ils se sont proposé de développer le squelette de ce Mouvement à partir de leurs points de vue idéologiques respectifs. Les discussions et l’effort se sont faits dans l’anonymat. C’était la condition préalable pour garantir que l’effort et la discussion soient focalisés sur les idées et non pas sur les personnalités, sur des anecdotes et sur les aversions ou les animosités entre les quarante personnes constituant le noyau fondateur.

De ce travail est née la Déclaration constitutive et une feuille de route qui par la suite ont été approuvées lors de la Conférence nationale pour l’État propre, qui a eu lieu au Palais des Congrès de Barcelone avec l’assistance de 1500 personnes le 30 avril 2011. Il y a été décidé d’établir une Commission permanente et un Secrétariat qui ont posé les fondations de ce qui deviendrait l’Assemblée nationale catalane, constituée le 10 mars 2012.

La première grande campagne de l’ANC a été la Marche pour l’Indépendance, qui a débuté le 30 juin 2012 et a organisé des centaines d’actes revendicatifs qui ont mobilisé des milliers de personnes toutes les semaines partout en Catalogne. Son point culminant a été marqué le 11 septembre 2012, le Jour national de la Catalogne, par une manifestation historique qui a eu lieu à Barcelone et a réuni entre 1 500 000 et 2 000 000 de personnes sous la devise « La Catalogne, un nouvel état d’Europe ».

Une délégation des organisateurs a été reçue au Parlement de Catalogne par la Présidente du Parlement, Madame Núria de Gispert, et par quelques parlementaires. La requête de l’ANC d’être reçue par les deux plus hautes autorités catalanes du pays a été écoutée, et vendredi 14 septembre 2012 le Président de Catalogne, Monsieur Artur Mas, a reçu une délégation de l’Assemblée nationale catalane. Pendant la réunion une demande de convocation d’élections au Parlement de Catalogne à caractère de « plébiscite » lui a été soumise.

La semaine suivante le Président de Catalogne avait un rendez-vous, déjà prévu préalablement à la manifestation, avec le Président du Gouvernement espagnol, Monsieur Mariano Rajoy, pour parler du Pacte fiscal proposé. Devant l’absence de résultats de ces négociations, des élections anticipées au Parlement de Catalogne au 25 novembre 2012 ont été annoncées.

Une fois les élections terminées (avec une participation parmi les plus élevées) et le nouveau Parlement constitué, les forces favorables à la tenue d’une consultation représentent une nette majorité proche des deux tiers (87 parlementaires pour, 20 non définis, 28 contre), et en outre, les deux premières forces (atteignant à elles seules la majorité absolue du Parlement) sont favorables à l’indépendance.

C’est la possibilité pour les Catalans de décider librement leur avenir, pour construire un pays plus juste, démocratique, prospère et ouvert sur le monde.

Cette perspective a été la clef pour faire que l’indépendantisme devienne majoritaire et continue de se renforcer.

 

Comment nous organisons-nous ?

L’Assemblée nationale catalane fonde son organisation sur un travail de base. Elle est constituée par des assemblées territoriales (par commune, arrondissement ou comarques) et sectorielles (par secteurs professionnels). L’organe le plus élevé de l’ANC est l’Assemblée générale, où tous les membres de plein droit ont une voix délibérative. Dans les assemblées générales, l’organe de décision est le Secrétariat national, formé par 75 personnes. Celles-ci sont élues au moyen d’élections où 25 postes sont réservées à des représentants nationaux et 50 à des représentants territoriaux. Les décisions prises par le Secrétariat national sont exécutées par le Comité exécutif, formé par 19 personnes du Secrétariat national des différentes commissions de travail. Ces commissions sont chargées de mettre en avant des propositions et de les mener à terme dans les différents domaines.

À l’heure actuelle l’ANC compte 45 assemblées sectorielles et plus de 350 assemblées territoriales qui se sont constituées même avant une année d’existence. Le nombre de ses associés de plein droit est de 12 000 personnes, en plus des 8000 sympathisants, ce qui élève à 20 000 le total de personnes actives. Il convient d’ajouter la mise sur pied récente de différentes délégations internationales dans plusieurs pays.