Història - Joan Villanove - Opinions

Pour des siècles…

Les pays vainqueurs estiment détenir la vérité. Pas tous les pays, heureusement

1 – Penchons-nous sur l’Angleterre.

Lors de la cérémonie du couronnement, le futur souverain – reine ou roi – doit prendre des engagements. Le 2 juin 1953, Elisabeth, dans l’abbaye de Westminster, dut promettre de respecter les lois (quelques-unes de la Grande Charte de 1215). L’archevêque de Cantorbéry lui dit :

« Promettez et jurez solennellement de gouverner les peuples du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de l’Union d’Afrique du Sud, du Pakistan, de Ceylan et de vos possessions et autres territoires selon leurs lois et coutumes respectives.  »

Elisabeth répondit : «Je le promets solennellement».
Oui, vous avez bien lu «… selon leurs lois et coutumes respectives

2 – Et dans le royaume de France ?

Au lendemain du traité des Pyrénées imposé en 1659, Louis XIV jette aux oubliettes les articles qu’il a signés ; il interdit l’usage du catalan dans plusieurs domaines de la vie. Ce n’est pas suffisant et il renchérit :

« Sa majesté veut et entend que tous les habitants de la ville de Perpignan, comme étant la capitale du pays, et qui par conséquent doit montrer l’exemple aux autres, soient dorénavant vêtus à la française ».

Insistons encore pour dire qu’à « la française » signifie à « la parisienne ».

Antoine de Barillon (1671-1741), intendant du Roussillon en 1710, écrit :

« Le peuple du Roussillon se nomme et s’estime catalan et regarderait comme une dégradation et une injure le nom de français ou de catalan francisé ».

Il est démis de ses fonctions pour incompétence.

En 1787, le voyageur anglais Arthur Young écrit :

« le Roussillon est en fait une partie de l’Espagne, les habitants sont espagnols par la langue et les mœurs mais ils sont soumis à un gouvernement français ».

3 – La Révolution Française ?

A Paris, les révolutionnaires avaient décrété que les ennemis étaient représentés par les « patois ».

En 1787, Grégoire, l’abbé conventionnel écrivait :

« La France a dans son sein peut-être huit millions de sujets, dont les uns peuvent à peine balbutier quelques mots estropiés ou quelques phrases disloquées de notre idiome : les autres l’ignorent complètement… L’anéantissement des patois importe à l’expansion des lumières, à la connaissance épurée de la religion, à l’exécution facile des lois, au bonheur national et à la tranquillité politique ».

Anéantir les patois apporterait-il le bonheur? 

En 1792, le député Maximin Isnard déclara en levant son épée devant l’assemblée :

« Le peuple français poussera un grand cri et tous les autres peuples répondront à sa voix… La terre se couvrira de combattants et tous les ennemis de la liberté seront effacés de la liste des hommes ».

Le 16 novembre 1792, Chaumette, maire de Paris, avait résumé son programme en une phrase percutante :

« Le terrain qui sépare Paris de Petersbourg et de Moscou sera bientôt francisé, municipalisé, jacobinisé ».

Un conventionnel, Barère, organisateur de la Terreur, lança une surenchère

« Je viens appeler aujourd’hui votre attention sur la plus belle langue de l’Europe: le français ».

Il poursuivit :

« le fédéralisme et la superstition parlent breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle italien ; le fanatisme parle basque ». Ce sont des « patois barbares » et à cause d’eux « les citoyens naissent et meurent dans l’erreur ».

Il prédit la victoire de la langue française « il n’appartient qu’à elle de devenir la langue universelle ».

Le 6 mai 1794, Monet, le maire Montagnard de Strasbourg, développa un discours programme devant la société des Jacobins. Dans la ville, pas plus de trois cents personnes parlaient le français. Que faire pour « franciser » l’Alsace ? « Un autre moyen très efficace de régénérer, en assez peu de temps, l’esprit public du Bas-Rhin, serait d’y fixer un grand nombre de Français de l’intérieur… que des familles du pays, qui ont droit aux récompenses nationales, les obtiennent dans l’intérieur, et la rive gauche du Rhin sera alors bordée de républicains qui, par leur éducation, leurs habitudes, leur langage feront un contraste frappant avec ceux de la rive opposée ; les idées s’épureront, la constitution même changera par le croisement des races, la barbarie germanique disparaîtra et la république ne sera pas plus française au centre qu’à la frontière ».

Soulignons quelques termes qui nous font sursauter : « race, épuration, barbarie germanique, déportation de population… » Est-ce la méthode de ceux qui préconisent la purification ethnique ?

Bref, la langue française était rendue obligatoire et les « patois » interdits. L’article III du livret publié en 1794 est à relever :

« Tout fonctionnaire ou officier public, tout agent du gouvernement qui dressera, écrira ou souscrira dans l’exercice de ses fonctions des procès-verbaux, jugements, contrats ou autres actes généralement quelconques conçus en idiomes ou langues autres que la française, sera traduit devant le tribunal de police correctionnelle de sa résidence, condamné à six mois d’emprisonnement, et destitué ».

A partir de ce moment-là, ce qui n’est pas français est incapable de comprendre la vérité, il s’ensuit que chacun est autorisé à prendre dans les autres pays ce qui est bon pour la France, pays de la liberté.

« Vous avez ouvert le Muséum rassemblez-y soigneusement tout ce que la République renferme déjà de chefs d’oeuvre, et ceux que vous pourrez enlever aux nations voisines et arracher avec l’or à leur ignorance… »

Le Muséum deviendra le Musée du Louvre grâce à ce qui a été enlevé aux « nations voisines ignorantes. »

4 – En Espagne ?

Comme en Roussillon, la langue catalane fut interdite dès 1714, ne faisons pas de répétitions. Dans son livre récent « Comprendre la Catalogne » (édition Cairn-2019), Nicolas Marty rapporte des citations pour le moins stupéfiantes. En voici quelques-unes ci-dessous.

  • Lors du coup d’Etat de Primo de Rivera, en septembre 1923, le dictateur soutenu par le roi s’engage à « en finir avec le problème catalan ».
  • Le 3 août 1936 le journal « Pensamiento » publie sous la plume de Francisco de Cossio : « La Castille a créé la nationalité espagnole et la Castille doit à nouveau la refaire. Nous sommes dans une nouvelle Reconquista, notre Grenade, aujourd’hui doit être Barcelone. »
  • Et en 1938, on peut lire : « le problème catalan ? Il est facile à résoudre : il suffit de tuer tous les Catalans ; c’est juste une question de temps. »
  • En 1939, Franco lance son plan : « L’unité nationale, nous la voulons absolue, avec une seule langue, le castillan et une seule personnalité, l’Espagnole. »
  • En 1960, le directeur du quotidien « La Vanguardia » avait lancé : « Todos los catalanes son una mierda. »

 

 

 

A la mort de Franco en 1975, un conseil crée la « Fondation Francisco Franco » sous la présidence de sa fille Maria del Carmen. Encore en 2004, sous la présidence d’Aznar, la Fondation recevait des fonds publics ; elle a reçu 150.000 euros pour numériser ses œuvres. En 2016, elle a distribué des prix à trois élus du PP (Parti Popular) pour « leur travail en défense de la vérité historique et de la mémoire du Caudillo Franco et de sa grande œuvre ». A la mort de Maria, en 2018, c’est Louis XX, le prétendant au trône de France, qui fut élu président d’honneur.

Sur la chaîne 5, dans l’émission « C dans l’air », le 19 août 2017, un participant « spécialiste » avait donné son opinion :

« … le niveau de haine du discours des nationalistes catalans est équivalant à celui des djihadistes. Vous pouvez superposer les discours des djihadistes et des nationalistes catalans. »

En 2017, écoutons Josep Borell, membre du PSOE ; il a été Président du Parlement Européen. Pour lui, les indépendantistes catalans sont des « malades mentaux » … il faudra « désinfecter un pays malade ».

En 2015, le journal français « La Croix » conclut son étude en admettant que « 40 ans après sa mort, Franco vit. » Au contraire, « Le Monde » du 22 décembre 2017, affirme: «Comment peut-on prétendre que les franquistes sont de retour en Espagne ? Ce discours est aussi stupéfiant que fallacieux.» Au mois d’avril 2017, Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol avait écrit à Carles Puigdemont, à l’époque président de la Generalitat en place à Barcelone. La lettre se termine sans aucune formule de politesse. En 2018, l’historien Pellistrandi écrit que le nationalisme catalan est « un point d’infection » de l’Europe.

5 – Revenons en Angleterre…

En 2012, lorsque l’Ecosse avait lancé un référendum sur l’autodétermination, le premier ministre David Cameron avait proclamé depuis Londres :

« Je crois farouchement que l’Ecosse doit rester au sein du Royaume-Uni, mais le Royaume ne peut en aucune façon garder un pays en son sein contre la volonté de son peuple. »

Avec sa sortie de la Communauté Européenne, l’Angleterre laisse un grand vide.

6 – Comment les Catalans du Sud ont répondu au traité des Pyrénées ?

Mon dessin publié en 1981 est explicite : la Catalogne est décapitée par les armes :
le nord et le sud sont séparés contre leur volonté.

Remontons le temps. Le traité des Pyrénées était signé depuis 1659, mais Barcelone restait catalane. Les Castillans n’étaient pas assez puissants pour s’emparer de cette grande ville fortifiée. Il fallut que des armées françaises commandées par un général français, le duc de Berwick, viennent les soutenir pour prendre la courageuse cité : Barcelona tomba le 11 septembre 1714. Selon l’ingénieur militaire Verboom, voici les pertes. Le jour de l’assaut, les attaquants (Français et Castillans) eurent 2.000 morts et 6.000 blessés. Les défenseurs catalans 3.500 morts et 5.000 blessés. Barcelone a reçu 20.000 bombes et un tiers des maisons a été détruit ou endommagé.

Les Catalans retroussent leurs manches et redressent le pays et nous savons combien la Junta de Comerç, financée par les bourgeois, a joué un rôle important. En 1758, après deux siècles et demi d’interdictions, quelques bateaux catalans ont enfin le droit de commercer directement avec le Nouveau Monde des Amériques.

Trente ans plus tard, la Révolution française apporte la liberté et la Catalogne est envahie.

Le général Dugommier (qui a droit à une rue à Perpignan) avait proposé un plan d’invasion de la Catalogne qui comptait à l’époque un million trois cents mille habitants. Lisons son plan.

«L’armée va pénétrer en Espagne. Quel est le but que se propose le gouvernement? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, je crois devoir lui communiquer mes réflexions sur la Catalogne. L’armée y entrera-t-elle comme un torrent qui dévaste tout et ne laisse sur son passage que l’aridité, la désolation et un long témoignage de tout ce qu’il a détruit? Il aura beau entraîner dans son lit les richesses de la contrée, il ne l’emportera pas sur ces fleuves bienfaisants qui fertilisent et font désirer leur voisinage. La Catalogne est une superbe et riche province par ses moissons de toute espèce et ses manufactures. Elle est recommandable par ses mines et ses ports sur la Méditerranée. Mais ce qui doit surtout décider à ménager les Catalans, c’est la certitude d’établir entre la France et l’Espagne un nouveau boulevard plus solide que les Pyrénées. Tel est l’avantage que présentent les Catalans réunis à notre république… Le mot d’ordre sera protection, et les Catalans bientôt francisés, j’ose prédire, nous faciliteront nos projets ultérieurs sur l’Espagne… On peut prévoir que comme un événement certain que la province se lèvera bientôt pour venir à nous. On achèvera de fraterniser par un commerce franc et loyal… »

Que se passa-t-il exactement? La plupart des livres se contentent d’un mot : occupation, parfois on ose aller jusqu’à «pillage». Allons jusqu’au bout, car Dieu et le Diable sont dans le détail.

Quelques semaines plus tard, en 1794, Pierre Delbrel, un révolutionnaire Représentant en Mission en Catalogne, décrit ce qu’il a vu.

« Le pillage, l’incendie, le viol, le meurtre, tous les emportements, enfin l’indiscipline la plus effrénée, sont comme à l’ordre du jour. On ne voit plus qu’objets volés : les boutiques, les maisons particulières sont enfoncées, les objets les plus précieux, dévastés, brisés, détruits. De superbes magasins de grains, de fourrage, sont la proie des flammes. L’incendie se communique et des rues entières qui restent indiquées seulement par des ruines. Et nous avons la douleur de ne pouvoir attribuer ces malheurs à de simples accidents, car on pousse la rage de détruire jusqu’à mettre le feu au pied des oliviers chargés d’une récolte abondante et prochaine. Le viol, ce procédé infâme qui nous rapproche de la brute, est aussi mis en œuvre. Des vieillards sont égorgés dans leurs foyers, parce qu’ils n’indiquaient pas assez vite, au gré de l’impatience et de la rapacité des pillards, les emplacements où ceux-ci soupçonnent qu’il y a quelque chose de caché… Il serait trop long de rapporter le détail…. Enfin, les généraux sont venus plusieurs fois nous déclarer qu’ils renonceraient au commandement, si cet état de choses continuait. »

Nous sommes loin des prévisions « civilisatrices » de Dugommier.

Ce texte, parmi tant d’autres, n’est pas reproduit ici par souci de vengeance; simplement pour répondre aux personnes qui clament sans vergogne que la France a apporté la liberté au monde. Quelles personnes? Présidents de la République, ministres, députés et bien d’autres! Or, ce qui s’est passé en Catalogne, est à multiplier par mille dans chacun des pays d’Europe jusqu’à Moscou et même jusqu’en Egypte. Il s’ensuit que l’Arc de Triomphe à Paris, où sont gravés les noms de 158 batailles déployées sur les champs des pays d’Europe, n’est que le témoignage peu reluisant des horreurs des guerres engendrées par la France au nom des «grands principes.»

Sur l’Arc, nous lisons les noms de Dugommier et du maréchal Suchet qui incendia Montserrat.

Pour revenir à la guerre, le Conventionnel Pierre Chantreau avait écrit que Charles IV, roi d’Espagne, préférait voir la Catalogne aux mains des Français plutôt que de donner des armes aux Catalans. Chantreau, né à Paris, connaissait bien le contexte, il avait été professeur de français à l’Ecole Royale d’Avila et Charles III, roi d’Espagne à l’époque, lui avait accordé le titre prestigieux de « Don Chantreau ».

Dès 1815, la paix enfin revenue, les Catalans se remettent au travail… Jusqu’à la dictature de Primo de Rivera en 1923 et la guerre civile en 1936. Avec Franco, la Catalogne reste muselée jusqu’en 1975. Enfin, l’horizon s’éclaircit. Le statut accordé en 1977 n’est pas l’indépendance, mais il permet de bâtir des projets.

Aujourd’hui, la Catalogne représente 6% de la superficie de l’Espagne, 16% de la population et 20% du PiB. Sa réussite est complète : sociale, culturelle, économique. Le réseau des entreprises est composé de 99% de PME, ce qui permet souplesse, flexibilité et adaptation.

Il y a aussi des groupes internationaux comme VW ; l’usine Seat Volkswagen a fabriqué jusqu’à 500.000 Audi Q3. L’ingénieur Hubert Waltl, membre du directoire a déclaré :
«L’usine de Martorell possède une longue expérience et fabrique l’Audi Q3 selon les normes de qualité les plus élevées… c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de produire l’Audi A1 à Martorell.»
Audi a décidé d’investir 3.300.000 d’euros pour la nouvelle chaîne. La sortie des premiers modèles prévue en 2018 a été une réussite avec une production de 100.000 unités par an. Dans le nouveau site, un bureau de Recherche et Développement atteste la confiance accordée aux ingénieurs catalans.

 7 – Comment les Catalans du Nord ont répondu au traité des Pyrénées ?

Ils hésitent… Aujourd’hui, ils forment le Département des Pyrénées Orientales, ou le Roussillon, ou la Catalogne Nord, ou le Pays Catalan, ou les Pyrénées Méditerranée… dans une région qui est l’Occitanie qui comprend encore le Languedoc-Roussillon dans une entité appelée aussi Sud de France… Les autorités françaises ont bien joué:

les Catalans ne savent plus qui ils sont. Certes, ils sont «fiers d’être Catalans», oui, pour faire quoi?

Or, en même temps, ils honorent ceux qui n’ont rien fait pour ce pays catalan, ou pire qui l’ont détruit. Ils ne peuvent pas s’en sortir parce qu’ils n’ont pas décidé ce qu’ils veulent être. Il est temps de fonder la «Carte d’Existence».

Etait-ce le bon choix du moment ?

Contrairement à la Catalogne du Sud qui de tout temps s’est dite catalane et s’y est tenue en écartant les bourreaux et les destructeurs, les Roussillonnais se sont tournés vers la France en espérant y trouver des avantages. Ce n’était pas facile de choisir le parti du vainqueur qui vous a humilié. Mais, bon, pourquoi pas ! Seuls les résultats comptent, seul l’avenir dira si c’était le bon choix. Pas facile, c’est sûr. Il faut renier son histoire, c’est-à-dire applaudir les bourreaux de son propre pays. Ainsi certains ont pu embrasser de belles carrières qu’ils n’auraient pas eues s’ils étaient restés dans leur Roussillon natal qui était épuisé, appauvri, sans avenir… mais la majorité des expatriés occupaient des tâches peu reluisantes. Alors, les Catalans du Nord ont retourné leur veste en honorant Vauban, ce militaire destructeur, puis Mailly, le beau parleur, et bien d’autres…

François Arago a oublié et abandonné sa terre natale. Dommage.

Quand les révolutionnaires suppriment l’université de Perpignan en 1793, Arago aurait pu, compte tenu de sa notoriété, de sa position de savant, puis de député, fonder une Ecole Supérieure durable à Perpignan ; il n’a rien fait. D’ailleurs, quand il s’est présenté aux élections il a été élu député des Pyrénées Orientales et aussi de la Seine dans le même temps : il a choisi de représenter la Seine.

Comment l’Etat a appauvri la «région» sans faire la guerre… Deux exemples :

Au lendemain du traité des Pyrénées, à produit identique, toute marchandise qui sortait du Roussillon payait des taxes plus élevées que celles qui entraient. Ainsi, un produit provenant du Languedoc payait une taxe de 5 pour entrer en Roussillon ; à l’inverse la taxe était de 15 et pour la Catalogne, elle était de 20.

Avec l’arrivée du chemin de fer, rien ne change ; une enquête parlementaire de 1871 a reconnu que

« …le département est traité sur le chemin de fer avec une partialité qu’on ne s’explique pas. Il paie pour n’importe quel produit, plus cher que les autres pays de production ».

Et l’enquête cite des exemples précis. Les vins de Sète à Perpignan paient 7 centimes par tonne et par kilomètre ; dans le sens inverse, 15 centimes. Il en est de même pour le blé, le fourrage de 25 à 30 centimes pour tout le « midi »… mais 40 pour sortir du Roussillon.

La ligne de chemin de fer Paris-Narbonne fut électrifiée. Mais, de Narbonne à Perpignan, il fallait arrêter le train, le temps de remplacer la motrice électrique par une motrice diesel. Il faudra attendre le 18 septembre 1981 pour que la ligne Narbonne-Perpignan soit électrifiée par caténaire et 1982 pour Port-Bou.

L’autoroute du Languedoc sera construit sur près de vingt ans, en deux temps, d’abord entre Orange et Narbonne dès 1962. L’autoroute s’arrêtait aux portes du Roussillon obligeant les voitures et camions à traverser Perpignan provoquant des embouteillages monstres. Le dernier tronçon entre Narbonne, Perpignan et la frontière espagnole fut ouvert à la circulation en 1978.

Et maintenant? La route nationale 116 trop souvent barrée, la Cerdagne est isolée.

Aujourd’hui, le problème du transport des fruits et légumes de Saint-Charles n’est toujours pas résolu: où sont les wagons réfrigérés en direction de Paris? Pourtant Saint-Charles traite chaque année près de un million et demi de tonnes de fruits et légumes.

Depuis 40 ans, Saint-Charles jouit d’un rayonnement international.

Ainsi donc, les problèmes de transports ne sont pas récents.

Rappelons que l’université de Perpignan, fondée en 1350, avait été supprimée en 1793… elle a retrouvé la vie dans les années 1950. Merci aux généreux promoteurs.

Un autre « détail » : aujourd’hui, en 2020, le laboratoire Arago de Banyuls dépend de la Sorbonne ; par exemple, la Sorbonne paye les factures aux entreprises des Pyrénées Orientales qui font l’entretien des bâtiments. Est-ce que les cadres supérieurs ne seraient pas capables de gérer le budget du laboratoire ?

8 – Les Catalans du Nord ont choisi le « parti français des vainqueurs »

L’Etat français prend beaucoup aux Catalans… mais il leur rend peu.

Le « parti des vainqueurs » ? Pourquoi pas, à l’époque c’était probablement la solution de la sécurité. Aujourd’hui, à l’heure du bilan, le résultat est clair: les Catalans du Nord n’ont pas été récompensés, bien au contraire. Il ne nous reste plus que le slogan «fiers d’être catalan» sur nos tee-shirts. Maigre consolation.

Georges Poirrier (debout)

Georges Poirrier (qui n’était pas catalan), avait repris la chocolaterie Cantalou en 1962. Il a écrit :

« La véritable métropole d’équilibre de Perpignan, n’est ni Toulouse ni Montpellier, c’est Barcelone ».

Actuellement, Cantalou, dirigé par ses enfants, est devenu Cémoi depuis 1980, un des premiers chocolatiers d’Europe (26ième mondial-14 usines).

 

Messieurs de Madrid et Messieurs de Paris…

vous n’aimez pas les Catalans?

Tant pis.

La Catalogne existait bien avant l’Espagne et la France.

La Catalogne existera encore pendant des siècles et des siècles.

 

El pensament català rebrota sempre i sobreviu als seus il.lusos enterradors.

Francesc Pujols (1882-1962)

 

Quelques porte-parole de l’Esprit Catalan, porteurs d’un message de paix…

  • Comme l’abbé Oliba (971-1046) qui « institue la paix et trêve ».
  • Comme Ramon Llull (1232-1316) qui a écrit « j’ai travaillé quarante-cinq ans incitant l’église et les rois chrétiens au Bien Public, et je persévérerai jusqu’à ma mort ».
  • Comme Joan-Lluís Vives (1492-1540) qui a écrit « la finalité de nos études est de les appliquer au Bien Commun ».
  • Comme Pau Casals (1876-1973) qui clame aux Nations Unies « Tout ce qui touche à la paix me va droit au cœur… Dès le XI° siècle, les Catalans étaient déjà contre la guerre. »
  • Comme Salvador Dalí (1904-1989) qui a créé la « Menora de la Paix » pour la communauté juive ; il clame haut : « Je considère l’amour comme l’unique attitude digne de la vie de l’homme ».
  • Comme Joan Pujol (1912-1988) le contre-espion antinazi, a déclaré qu’il a voulu contribuer « au bien de l’humanité » ; dans son action concernant le débarquement en Normandie, il confie qu’il souhaitait sauver « les vies des alliés et aussi les vies des Allemands ».

Joan Villanove