Michel Vallée - Opinions

EN QUOI L’INDÉPENDANCE EST POUR LA MOITIÉ DE LA POPULATION CATALANE LA SEULE ISSUE PERTINENTE ET ACCEPTABLE ?

Fondements historiques de cette conviction.

Cette conférence préparée en février 2020 (auteur en fin de texte), était prévue fin mars à Perpignan, en introduction d’un débat café-Diplo (initiative des Amis du Monde diplomatique de Perpignan).

Retardée du fait du confinement Covid-19, le texte de base en est publié en Mai, avant l’été. La conférence permettant débat sera annoncée dés que possible, introduite par un support dynamique décliné de ce document.

Bon cop de falç !

Bon cop de falç, defensors de la terra !

Bon cop de falç !

(refrain de « Els Segadors », version officielle de l’hymne de la Catalogne indépendante depuis 1899, la version traditionnelle datant de 1640).

CHIFFRES CLÉS DE LA CATALOGNE

Population 7,6 millions d’habitants

Superficie 32114 km2

PIB 210 milliards d’euros

Economie Diversifiée, avec cependant une prédominance du secteur des services (69,6 %) et du secteur de l’industrie spécialisée (20,9 %)

Tourisme 11 % du PIB catalan: la Catalogne attire 25 % de tous les touristes qui visitent l’Espagne

Universités 7 universités publiques, 4 privées, 1 université à distance

Langue Le catalan: dix millions de locuteurs, 8e langue la plus active dans les blogs, 26e langue du monde en matière de sites web.

Plus de 100 chaînes radio émettent chaque jour en catalan, et plus de 160 universités dans le monde donnent des cours en catalan.

DATES CLÉS (parmi tant d’autres)

801

Épopée du comte Guillem de Tolosa, qui engage le début de la Reconquête sur les musulmans d’Al Andalous. Le comte Guillem est reconnu et accrédité par Charlemagne.

1027

L’abbé Oliba lance la Trève de Dieu, tant au Nord qu’au Sud des Pyrénées. Il fonde les abbayes de Saint Michel de Cuxa et Ripoll, de chaque côté. Les deux villes de Ripoll et Prades sont toujours germans (jumelées).

1274

Écrits en langue catalane par Ramon Llull, reconnu penseur universel de son temps.

La Catalogne, une très vieille dame fidèle à son histoire

Si le premier drapeau espagnol date de 1785, le drapeau catalan existe depuis 1150. C’est aussi l’année des ébauches de la langue catalane.

Mise en route des Constitutions de Catalunya en 1214.

Si le premier Parlement espagnol date de 1834, le Parlement catalan (les Corts) existe depuis 1218.

Si la première Constitution espagnole a été rédigée en 1812, la première Constitution catalane l’a été en 1283.

Si le premier Président espagnol a été élu en 1823, le premier Président catalan a été nommé en 1359.

La Catalogne a exercé sa pleine souveraineté pendant 700 ans, au sein d’une confédération catalano-aragonaise.

Durant tous ces siècles, elle a préservé ses institutions, son gouvernement, sa langue. Elle prélevait les impôts sur son territoire, qu’elle administrait librement.

1640

Guerre des « Segadors », au cœur de la guerre de Trente ans (1618 – 1648).

Défense du modèle Républicain d’organisation de la société, horizontal, contre le modèle monarchique, vertical et impérial. Perpignan est bombardée en Juin. Une « République » est consolidée autour de « Conseil des Cents ». Elle ne durera que quelques jours, perdant le Roussillon, le Conflent et une part de la Cerdagne au profit de la France de Louis XIII.

Le Portugal, qui s’est soulevé en même temps, gagne son indépendance.

1659

Traité des Pyrénées, signé entre Louis XIV et Philippe IV. Sa longue mise en œuvre entérinera 1640. Mazarin a succédé à Richelieu.

1713 – 1714

Tout bascule après la guerre de Succession espagnole. La Catalogne soutient Charles d’Autriche, alors que les troupes franco-espagnoles veulent placer sur le trône vacant Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV.

Barcelone, assiégée durant 14 mois, se rend le 11 septembre 1714.

La Catalogne sera politiquement écrasée: le Décret de la Nueva Planta, imposé par Philippe V deux ans plus tard, lui enlève toute autonomie législative, fiscale et judiciaire, et enterre la Generalitat et son Parlement. C’est le début de la monarchie absolue en Espagne, monarchie qui va absorber et coloniser la Catalogne par la force.

1843

Pendant deux mois, projet d’administration révolutionnaire qui préfigure la Commune de Paris (1871)

1855

Première grève générale ouvrière, en Catalogne, avec un retentissement fort à Madrid. D’une part consolidation du clan « républicains », et d’autre part question du poids de l’économie catalane en avance sur le développement économique du reste de l’Espagne. Constat de la perduration du catalanisme.

Le catalan se définit d’abord culturellement par sa langue. 

Une langue, non pas un dialecte, que l’Espagne a tenté en vain d’éradiquer depuis le XVIIIe siècle, et l’avènement de Philippe V. Une assimilation au castillan forcée dès 1716. Par la langue, la culture est spécifiquement systématiquement visée. Quelques exemples « historiques », parmi des millions d’autres au quotidien :

1867 El ministre de Governació espanyol, González Bravo, prohibeix les representacions de teatre escrites íntegrament en català. Or le théâtre était alors un support emblématique pour l’ensemble des classes moyennes et supérieures catalanes.

1924- Antoni Gaudí és detingut durant la Diada de l’Onze de Setembre per parlar en català a un policia. À cette époque tout le monde connaissait Gaudi, tant en Catalogne qu’en Espagne qu’au plan international. Il avait pris en charge dés 1883 le projet de la Sagrada Familia (a 31 ans)

1888

Exposition Universelle, à l’origine de la Barcelone moderne.

1902

Manifestation monstre à l’enterrement du poète Jacint Verdaguer (auteur de Canigo’) , après une grève générale en février. Le pluralisme de la multitude préfigure les manifestations du peuple catalan du début du XXIème siècle.

1907

Victoire électorale de Solidaritat Catalana, qui marque « le soulèvement solidaire d’un peuple », tout comme en Irlande, en Pologne, en Tchéquie et en Flandres.

1921 – 1931 – 1936

Primo de Rivera se proclame dictateur de l’Espagne, tout en gardant le Roi Alphonse XIII sur le trône. Il tente d’interdire le catalan et la culture catalane. Il est suivi par les généraux Béranguer et Aznar. L’évolution sociale et politique en 1931 contraint le Roi à accepter des élections qui se transforment en plébiscite sur la monarchie. Le 14 avril 1931, la République est proclamée.

1933 Exercice du vote pour les femmes. La revue Feminal avait démarrée en 1907.

En janvier 1936, la dissolution des Cortès entraine la constitution du Front Populaire, en réaction de quoi les carlistes et franquistes s’organisent. Commence la guerre d’Espagne, initiée depuis le Maroc.

1936 / 1975 – Guerre d’Espagne puis dictature franquiste

Deux références bibliographiques parmi tant d’autres

  • Antony Beevor, La guerre d’Espagne, Calman-lévy, 2006
  • Josep Benet, Catalunya sota el régim franquista, Editorial Blume, 1978

1939

La Retirada : 500000 républicains espagnols et catalans passent la frontière avec les Pyrénées Orientales. Leur « accueil » dans les camps, notamment d’Argelés, Saint-Cyprien, Rivesaltes … est reconnu aujourd’hui comme une honte de la part des États français d’alors. Le mémorial de Rivesaltes, sobre, en permet une objectivation non remise en cause.

Un ouvrage de référence de l’ICRECS (Institut Català de Recerca en Ciències Socials Universitat de Perpinyà) :

Llibertat ! Prats de Molló entre història i memòria, Terra Nostra, 2007

Le régime franquiste va organiser une chasse systématique et meurtrière à tout ce qui est trait catalan.

Un acte marque plus que d’autres profondément la mémoire des catalans :

Le 15 octobre 1940, Lluis Companys, Président de la Generalitat de 1934 à 1940, est exécuté par le gouvernement espagnol à Montjuic (Barcelone)

Alfred Bosch d’Esquerra Republicana (parti dont Lluís Companys était l’un des leaders) affirmait sur Equinox Radio, à l’occasion des 40 ans de la mort de  Lluis Companys , que celui-ci a été « le seul président élu démocratiquement qui a été exécuté dans les temps modernes ». Selon lui, « Lluís Companys a tout donné, sa vie, pour préserver des choses très simples comme le vote et la langue », Alfred Bosch ajoute que c’est un « exemple qui encourage à continuer pour ceux qui veulent l’indépendance de la Catalogne ».

Lluis Companys, au parcours catalaniste exemplaire, était passé en France avec la Retirada.

Il a été livré au gouvernement franquiste par la Gestapo.

Le régime franquiste s’est appuyé sur l’engagement politique de l’Église catholique d’Espagne. Cependant ses membres ne se sont pas tous soumis, ainsi ce prêtre : La Catalogne est une Nation occupée militairement, soumise politiquement, exploitée économiquement, dont la langue est remplacée par une autre, colonisée dans sa culture, et dépossédée de ses expressions artistiques.

Soit :

  • 3 emprisonnés
  • 3 emprisonnés et exilés, dont 1 fusillé
  • 3 contraints à l’exil
  • 1 déshabilité
  • 2 n’ont pas subi de répression

Le Droit à l’autodétermination  figure dans la Charte des Nations Unies depuis 1951.

Pourquoi la Catalogne veut-elle se donner le choix de l’indépendance?

Parce que la Catalogne est une nation millénaire, avec une culture et une langue qui lui sont propres, et une souveraineté qui lui a été volée par les armes, il y a de cela 300 ans.

Parce que sa population n’oublie ni ses racines ni son passé, et a démontré la force et la constance de ce profond désir d’indépendance, à travers de gigantesques manifestations dans le pays, notamment à l’occasion de la Diada, la fête nationale catalane, qui a lieu le 11 septembre de chaque année, et ce depuis 2012.

Parce que la nation catalane estime que le pouvoir central ne respecte ni ses particularités, ni ses compétences de région autonome, la traite fiscalement comme une colonie, n’encourage pas son développement économique et, enfin, parce qu’elle n’envisage plus la création d’une Espagne fédérale comme une solution durable et fiable à un problème récurrent.

Parce que cette volonté d’indépendance émane du peuple, et que par conséquent, depuis 2012 le Parlement catalan est composé à majorité de députés indépendantistes, avec un mandat clair qui a ainsi été confié au pouvoir exécutif: organiser un référendum sur l’indépendance en 2017.

1971

Discours de Pau Casals à l’ONU, recevant la Médaille de la Paix :

“This is the greatest honour I have ever received in my life. Peace has always been my greatest concern. Yet in my childhood I learned to love it. My mother—an exceptional, brilliant woman—used to speak to me about it when I was still a child, because in those years there were also a lot of wars.

What is more, I am a Catalan. Today, a province of Spain. But what has been Catalonia? Catalonia has been the greatest nation in the world. I will tell you why. Catalonia has had the first parliament, much before England. Catalonia had the first United Nations. All the authorities of Catalonia in the Eleventh Century met in a city of France, at that time Catalonia, to speak about peace, at the Eleventh Century.

Peace in the world and against, against, against war, the inhumanity of the wars. So I am so happy, so happy, to be with you today. That is why the United Nations, which works solely towards the peace ideal, is in my heart, because anything to do with peace goes straight to my heart.

I have not played the cello in front of an audience since long years but I think I must do it this time. I am going to play a melody from the Catalonian folklore: “The singing of the Birds”. Birds, when in the sky, go singing: Peace, peace, peace. And this is a melody that Bach, Beethoven and all great people would have admired and loved. And, in addition, it springs up from the soul of my country: Catalonia.”

Le caudillo Franco est mort en 1975. Pau Casals, qui avait promis de ne plus retourner en Espagne tant que le régime franquiste la régirait, n’a dérogé qu’une fois, pour l’enterrement de sa mère.

1978

Signature de la Constitution espagnole, … temporaire.

Constitution adoptée en sortant de la dictature franquiste, sous la menace par l’armée d’un coup d’État, qui a d’ailleurs été tenté en 1981 mais sans aboutir.

La Constitution de 1978 est uniquement pensée par rapport à la dictature, par le fait qu’il faut sortir de la dictature. Même les forces de gauche renoncent à lutter contre cette Constitution, et font un pacte, malgré les critiques.

A cette époque, on disait: transition, ou rupture. Et les gens ont préféré la transition, parce que la rupture aurait pu signifier un nouveau retour à la dictature, l’armée étant encore très puissante.

La Constitution est explicitement « temporaire », … mais inchangée depuis par un blocage systématique des Partis de droite et d’extrême-droite.

1983

Loi de « normalisation linguistique » votée au Parlement de Catalogne, interdite à l’usage public depuis 1939.

2006

Un nouveau statut d’autonomie est voté au Parlement catalan, puis ratifié par le peuple. Mais sa portée sera fortement limitée par le Parlement espagnol, ayant à sa tête le social-démocrate Zapatero, qui avait pourtant promis aux Catalans de soutenir leur démarche.

C’est la même prudence d’alors du PSOE, compte tenu de la réalité des clans de la droite dure espagnole toujours dirigée par le néo-franquisme, qui lui « permet » toujours en 2020 de rester raide sur le principe de l’Espagne une et indivisible.

2010

Le Partido Popular saisit ensuite le Tribunal constitutionnel, qui démembre encore davantage le texte, notamment dans tout ce qui concerne la protection de la langue catalane.

C’est cette décision unilatérale de la justice espagnole, en 2010, qui fera naître une grande vague de protestation en Catalogne… C’est la racine de la rupture définitive d’une partie des autonomistes d’avec l’Espagne, et la naissance du mouvement indépendantiste actuel.

Une commune du nord de Barcelone prend l’initiative d’un referendum local sur l’indépendance. Les autorités espagnoles tentent de l’interdire, ce qui mobilise dans toute  la Région de Catalogne.

2013

23 janvier, le Parlement catalan se déclare souverain (85 députés sur 135).

13 mars, le Parlement approuve une résolution sur le droit à l’autodétermination.

11 avril 2013, le gouvernement prépare la mise sur pied d’un Conseil de Transition Nationale.

14 septembre, le Premier ministre d’Espagne, Mariano Rajoy, PP, refuse que la population catalane soit consultée, au motif  que la Constitution de 1978 déclare l’Espagne « une et indivisible ». Depuis interdiction à toutes tentatives jusqu’au 28 septembre 2016.

Depuis 2016 au moins, selon les sondages, en Catalogne, 80 % de la population est d’accord de procéder par référendum pour décider si la Catalogne doit être indépendante, ou pas.

Principe de fond qu’en démocratie, les conflits politiques doivent se résoudre politiquement. Principe N. fois reformulé par de nombreux gouvernements, experts et juristes internationaux étrangers (cf. paragraphe « appuis »).

Le camp des indépendantistes catalans accumule les arguments et preuves de légitimité, tant internes qu’à l’international.

Les autorités catalanes de la Generalitat renouvellent N. fois au gouvernement espagnol une proposition de négociation de fond.

Le camp du pouvoir espagnol refuse toute négociation, et réponds systématiquement par la judiciarisation limitée au seul droit espagnol, et par la violence de son système judiciaire appuyé sur la police militarisée (Guardia Civil).

L’armée a été mise en alerte en octobre 2017. Probablement du fait que le Président Puigdemont, après avoir proclamé l’Indépendance sous forme de République, mette en attente la mise en place du nouvel État le temps de négocier avec l’Espagne, a amené le gouvernement PP d’alors a choisir la stratégie de la judiciarisation systématique liée à l’article 155, … sans aller jusqu’au feu vert de l’entrée massive de l’armée en Catalogne.

Parmi les Partis espagnols qui composent le discret « club des 155 » figure le PSOE aux côtés de Ciutadans et du PP.

Déclaration d’indépendance de la Catalogne (extraits)

Elle a été signée le 10 octobre 2017 par 72 députés catalans du Parlement de Barcelone.

“Au peuple de Catalogne et à tous les peuples du monde, …

  “Depuis l’adoption de la Constitution espagnole, la Catalogne a joué un rôle clé avec une attitude exemplaire”

“Les citoyens de Catalogne ont voté majoritairement en faveur de la République catalane”

“Nous constituons la République catalane”

La République catalane est une opportunité pour corriger les déficits démocratiques et sociaux actuels et de construire une société plus prospère, plus juste, plus sûre, plus durable et plus solidaire. En vertu de tout ce qui vient d’être exposé, nous, représentants démocratiques du peuple de Catalogne, dans le libre exercice du droit à l’autodétermination et conformément au mandat reçu des citoyens de Catalogne,

NOUS CONSTITUONS la République Catalane, en tant qu’État indépendant et souverain, de droit, démocratique et social.

NOUS METTONS EN VIGUEUR la loi de transition juridique et fondamentale de la République.

NOUS INITIONS le processus constitutif, démocratique, citoyen, transversal, participatif et contraignant.

NOUS AFFIRMONS la volonté d’ouvrir des négociations avec l’Espagne, sans conditions préalables, visant à établir un système de collaboration au bénéfice des deux parties. Les négociations doivent nécessairement être sur un pied d’égalité.

NOUS PORTONS A LA CONNAISSANCE de la communauté internationale et des autorités de l’Union européenne la constitution de la République catalane et la proposition de négociations avec l’Espagne.

NOUS DEMANDONS instamment à la communauté internationale et aux autorités de l’Union européenne d’intervenir pour mettre fin à la violation continue des droits civils et politiques et de suivre le processus de négociation avec l’État espagnol et d’être témoins.

NOUS MANIFESTONS le désir de construire un projet européen qui renforce les droits sociaux et démocratiques des citoyens ainsi que l’engagement à continuer à appliquer les normes de l’ordre juridique de l’Union européenne et celles de l’Espagne et de la Catalogne autonome qui transposent cette norme.

NOUS AFFIRMONS que la Catalogne a le désir sans équivoque de s’intégrer le plus rapidement possible à la communauté internationale. Le nouvel Etat s’engage à respecter les obligations internationales actuellement appliquées sur son territoire et à continuer à faire partie des traités internationaux auxquels le Royaume d’Espagne est partie prenante.

NOUS APPELONS les États et les organisations internationales à reconnaître la République catalane comme un État indépendant et souverain.

NOUS DEMANDONS au Gouvernement de la Generalitat de prendre les mesures nécessaires pour rendre possible la pleine réalisation de cette déclaration d’indépendance et des dispositions de la loi de transition juridique et fondamentale de la République.

NOUS APPELONS chacun des citoyens de la République catalane à nous rendre dignes de la liberté que nous avons donnée et à construire un Etat qui se traduit par des actions et en conduite des inspirations collectives.

Sondage d’opinion Joe Brew sur l’organisation territoriale

explica per quines raons és improbable una reforma constitucional o federalista a l’estat espanyol amb les majories electorals que hi ha (février 2020)

Ce sondage explique pour quelles raisons, en février 2020, la faisabilité d’une réforme fédéraliste de l’État espagnol est improbable, compte tenu des majorités électorales en l’état.

Que veulent les catalans que devienne la Catalogne ?

La lecture parle de soi.

Mais, comme le montrent les résultats sur toute l’Espagne, la majorité des autres espagnols ne veulent pas du fédéralisme, … sauf le Pays Basque et la Navarre.

DISCOURS DU COMITÉ DE SOLIDARITÉ DE CATALUNYA NORD À LA DIADA DU 9 NOVEMBRE 2019 À PERPINYA (extraits)

Lorsqu’un système, un État, sont sur le point de vivre une transformation radicale, une Révolution, l’histoire montre qu’il se produit toujours un moment, un évènement clé, d’un importance significative, à partir duquel toute la donne change, et ce qui est à venir devient inéluctable. C’est ce que Vivent Partal a expliqué dans un éditorial exceptionnel de Villaweb. Dans la démarche d’indépendance de la Catalogne se libérant de l’Espagne, ce moment clé a été le verdict du Suprem au terme du procès des prisonniers politiques sur cette année 2019.

Au terme de ce procès, il s’est avéré impossible au Suprem de démontrer la rébellion. Il essaie alors de légitimer en inventant des prétextes de sédition, contre toute évidence de l’absence d’objet réel, tant aux yeux de la population catalane et d’une partie de la population espagnole, qu’au yeux de l’essentiel de la communauté internationale, si on met de côté les silences de la CE et de la France ou l’avis de la Turquie dictatoriale.

Le moment clé a eu lieu le 14 octobre 2019, la marche vers l’issue est en route et ne s’arrêtera plus.

Le 18, le succès de la grève générale  a été un tremplin définitif vers l’objectif, maintient le Pays dans l’esprit du 3 octobre (2017), avec toutes les marches, les rassemblements-manifestations constants, l’occupation d’El Prat, et milles autres initiatives dans toutes les villes.

L’idéal aurait été l’acceptation par l’Espagne d’un referendum d’indépendance, mais  …

  • l’État espagnol a brulé toutes les possibilités de négociation pour y mener, ne mettant en œuvre que la répression gratuitement violente. Il n’a jamais compris que la Catalogne indépendante aurait pu être son meilleur allié.

  • A la différence du 3 oct 2017, la plupart des gens actuellement pensent que ni le gouvernement ni la classe politique sont en phase avec la réalité historique de ce qui est en cours. Les manœuvres ne sont plus crédibles que pour une minorité, la grande majorité n’a plus confiance au vu de ce qui s’est passé depuis deux ans.

  • Aussi la grève générale doit sortir la classe politique de ses atermoiements, les élever et booster dans la réalité, les replacer en relation avec la rue, indépendamment des petits enjeux des élections imminentes  dans l’ensemble de l’Espagne.

Après depuis un et deux ans l’appui de nombreux Pays (Belgique, Finlande, Danemark, Portugal, Écosse, plusieurs lands allemands, Suisse, Slovénie, Québec, …) et de nombreux collectifs d’experts de haut niveau (géopolitologues, sociologues économistes, philosophes, juristes …), dont l’ONU, même le Financial Times « explique » encore cette semaine que les sentences d’emprisonnement ne peuvent résoudre la « crise » catalane.

La grève générale et ses suites sont une démonstration de la disposition du peuple à résister à quelque agression que le système en place à Madrid continue à faire, tous les jours.

Pour Elisenda Paluzie, Présidente de l’Assemblea (ANC), Jordi Sanchez étant en prison, l’État espagnol et la police sont responsables, concrètement sur les terrain, des violences, blessés, depuis le verdict. Avis aisément valable avec le recoupement de tous les témoignages, vidéos …, qui mettent bien en évidence qui attaque, et comment.

Une semaine après le verdict :

  • 579 bléssés. Attitude ultra-violente de la police toutes les nuits.
  • 4 personnes ont perdu un œil
  • 179 personnes sont détenues
  • 28 sont emprisonnées

Pendant ce temps :

  • la Présidente du Parlement Carme Forcadell reste emprisonnée, ainsi que le vice-Président Oriol Junqueras
  • de même plusieurs membres du gouvernement
  • les dirigeants de l’Assemblea et de l’Omnium cultural, Jordi Sanchez  et Jordi Cuixart , de même.
  • 7 membres des CDRs sont détenus sans preuves
  • le Président Puigdemont et plusieurs conseillers ont été forcés à exil.

La Catalogne vit au jour le jour un état d’urgence démocratique.

Fin octobre, un sondage basé sur un échantillon de 1200 personnes donne les partis indépendantistes majoritaires tant en voix (58 % en ne tenant pas compte des abstentions) qu’en sièges.

Continue la multiplication des actes concrets et symboliques dans plusieurs provinces d’Espagne :

  • manifestations pro-indépendantistes à Madrid et plusieurs autres grandes villes
  • bannières espagnoles retirées en Pays basque.et manifestation monstre à Bilbao

… et en Catalogne même :

  • succès du Tsunami démocratique. Vers une succession d’occupations dynamiques des places, des avenues, des routes, des aéroports, des voies de chemin de fer, des bâtiment logistiques et/ou symboliques si pertinence. Continuer de rendre visible la révolte contre la tyrannie et la détermination de vouloir un autre futur immédiat.
  • auto-institutions de municipalités en Consells locaux pour la République, affirmant que leur territoire est une partie de la République catalane, libre et souveraine.
  • À Barcelone, sur l’initiative de l’Omnium cultural, des centaines de personnes se présentent au juge pour s’auto-inculper de sédition, déclarant avoir voté le 1er octobre 2017,  en solidarité avec la condamnation des « prisonniers politiques ». Des queues entières dans la rue. Précédent du 9-N ou des milliers de personnes avaient fait de même pour « désobéissance ».
  • Manifestations collectives des maires de la majorité des communes, cette dernière semaine encore a Palau

Encore aujourd’hui, début 2020

  • plus de 600 poursuites judiciaires depuis le début de cette année 2020 pour participations à des manifestations liées à l’indépendance

Consell per la República

Lancé à Waterloo en 2018-9, légitimé sur la déclaration d’indépendance proclamée le 27 octobre 2017, elle même fondée sur les réponses au référendum du 1er octobre 2017.

Sa mission est de réaliser le mandat du 1er octobre.

Le Consell est la première pierre d’un nouvel État indépendant en Europe.

Il se veut représenter toutes les tendances du républicanisme.

Peuvent en être membre les catalans tant vivant en Catalogne que n’importe où dans le monde, ainsi que les personnes qui se reconnaissent dans les valeurs fondatrices et qui s’y inscrivent.

Elles constituent ainsi une e-République, susceptible de participer en permanence aux débats et décisions, au travers d’une Assemblée de Representants convoquée au minimum deux fois par an, et directement sur consultation par internet

L’État espagnol se trouvera alors devant un « partenaire » avec les mains complètement libres, d’égal à égal, hors de son contrôle… et non plus une institution vidée maintenue en dépendance par la force.

Le peuple lui, visiblement, n’a pas peur, et montre événement après événement sa détermination à mettre en place la République.

Quel va être le devenir de l’Espagne ? Le New York Time, pas n’importe quel journal de fond, s’interroge, ainsi que de nombreux autres acteurs politiques et socioéconomiques, devant le constat de 4 votes en 4 ans !

Le 29 février 2020

À Perpinya, de 150000 à 200000 personnes selon les estimations, sachant que plusieurs milliers ont été contraints de faire demi-tour avant la frontière du fait du blocage généré par un contrôle de la police espagnole !

Sachant aussi que les associations civiles catalanes sont capables de mobiliser quasiment au pied levé plus d’un million de personnes à Barcelone.

Au terme des manifestations, les trottoirs et chaussées sont propres, aucun bâtiment ou mobilier public n’est dégradé, il n’y a pas de véhicules incendiés …

Le Président Puigdemont y a appelé à engager la lutte définitive.

 

Institutions d’appui du mouvement d’indépendance

En Catalogne :

Les Associations, présentes sur tous les territoires où se parle le catalan, plus des groupes locaux dans de nombreux Pays :

  • ANC ou Assemblea National Catalana, constituée le 30 avril 2011
  • Omnium cultural
  • A.M.I. , qui regroupe 794 municipalités sur les 947 que compte la Catalogne du sud
  • les CDR ou Comités de Défense de la République, comités locaux

e-identité au-delà des frontières, le Consell per la Repùblica Catalana, actuellement à l’exil, pré-constituant.

Les Pays qui appuient le projet de Catalogne indépendante sous forme de République :

  • Belgique
  • Danemark
  • Écosse (dispose d’un Parlement autonome)
  • Finlande
  • Irlande
  • Islande
  • Plusieurs Lands allemands
  • Portugal
  • Québec (dispose d’un Parlement autonome)
  • Slovénie
  • Suisse
  • ONU

Les Pays qui encouragent l’attitude du gouvernement espagnol / Catalogne :

  • Turquie

Le Pays qui a passé un accord de coopération policière avec l’Espagne : la France, droit d’intervention / acteurs qualifiés de terrorisme jusqu’à 300 kms à l’intérieur des terres.

Conseils de bibliographie

  • Antony Beevor – « La guerre d’Espagne » – Calmann-lévy 2006
  • Ramon Gual presentat pour I.C.R.E.C.S. – « Llibertat » – Terra Nostra 2007
  • Jean Rous – « Renaissance et mission de la catalanité » – Éditions Trabucaire 2015
  • Joan Villanove – « Histoire du pays catalan » – Éditions El Far 2016
  • Joan Villanove – « Les catalans ont tout pour étonner le monde » – Éditions El Far 2017
  • Vicent Partal – « Nou homenatge a Catalunya » – ara Llibres 2018
  • Dominique Petitdemange et Marie-Christine Gené (ss. la dir. de ) – « La Catalogne et l’Espagne » – Balzac éditeur 2018
  • Borja de Riquer (ss. la dir. de ) – « Historia mundial de Catalunya » – Edicions 62 Barcelona 2018

Dossier préparé par Michel André Vallée,

psychosociologue des organisations,

membre du Comité de Solidaritat Catalunya Nord,

Février 2020

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