Procès de la démocratie

Victoire des indépendantistes catalans et négociations obligées en Espagne

Les résultats des 4ème élections législatives en quatre ans en Espagne sont tombés dans la nuit de dimanche : aucun parti, ni aucun bloc n’obtient la majorité et les indépendantistes catalans qui ont gagné les élections en Catalogne sont en position d’arbitre qu’aucun des partis espagnols ne veut par ailleurs reconnaitre. Situation toujours bloquée donc ; l’Espagne qui refuse de traiter la question catalane s’enfonce dans la crise institutionnelle sur fond d’explosion de l’extrême droite qui crève tous les plafonds et devient la 3ème force politique d’Espagne…

Les indépendantistes catalans ont à nouveau gagné les élections en Catalogne en désignant un plus grand nombre de députés au Cortes espagnoles (24) que les partis espagnolistes (18), soit 47,9% des élus contre 37,5%. Un de plus que lors des élections du mois d’avril. La CUP entre pour la première fois au Congrès espagnol avec 2 élus qui ont l’objectif déclaré de contribuer à « rendre ingouvernable l’Espagne ». Junts per Catalunya de son côté augment d’un député sa représentation. Podemos en Catalogne obtient 6 députés, 14,3% des élus. Les partisans de l’autodétermination – bloc indépendantiste + Podemos – atteint 30 députés, soit 62,5%.

En nombre de voix, l’indépendantisme augmente également son résultat en Catalogne en passant de 1 626 000 voix (40,4%) au printemps à 1 641 951 cette fois ci (42,9%), soit quelques 17 000 voix de plus.


Catalunya 2019 (nov) Legislatives

Diputats

Vots

% vots (SE)

ERC

13

27,1%

869.889

22,7%

JxCat

8

16,7%

527.326

13,8%

CUP

2

4,2%

47,9%

244.736

1641951

42,9%

6,4%

Podem

7

14,6%

62,5%

546.722

546722

14,3%

14,3%

PSC-PSOE

12

25,0%

790.607

20,7%

PP

2

4,2%

29,2%

286.310

7,5%

Ciudadanos

2

4,2%

216.385

5,7%

Vox

2

4,2%

8,3%

243.052

1536354

40,1%

6,3%

37,5%

Altres

103.320

2,7%

48

3725027


Pedro Sánchez a donc perdu son pari d’essayer de renforcer la position du PSOE pour atteindre la majorité absolue ou au moins conforter son avance pour être en mesure de former un gouvernement minoritaire. Le durcissement de son discours pendant la campagne électorale et son alignement sur les positions de la droite et de l’extrême droite sur la question catalane n’a contribué qu’à renforcer PP et Vox. Une des perspectives les plus commentées est que socialistes et PP trouvent un terrain d’entente pour mettre en place un gouvernement d’union nationale contre les Catalans, en fermant la porte donc à tout traitement politique de la crise institutionnelle et en renforçant la répression politique et judiciaire contre les indépendantistes. La situation politique se complique d’autant plus que l’extrême droite a d’ores et déjà annoncé que Vox allait mener une opposition systématique et de blocage de toutes les décisions « contraires à la grandeur de l’Espagne » grâce à ses plus de 50 députés élus au Congreso de los Diputados, ce qui lui donne le droit de présenter des recours systématiques devant le Tribunal constitutionnel.

La situation de l’Espagne se complique donc de plus en plus. L’intransigeance des socialistes (et des partis de droite) face aux revendications catalanes et la tolérance envers les partis néo-franquistes n’ont eu comme conséquence que de renforcer l’extrême droite et de rendre encore plus difficile la gouvernabilité et la stabilité politique. Les « gagnants » socialistes des élections ont à présent deux mois pour essayer de trouver suffisamment de soutiens parlementaires pour former un gouvernement. À défaut, les électeurs devraient revenir devant les urnes…


Négociations « forcées »

 En 48h, et de anière surprenant, mardi 12 novembre, Pedro Sánchez est arrivé à un accord avec Podemos pour essayer d’obtenir les votes nécessaires à l’investiture par les Cortes. Les socialistes et les députés de Podemos ne disposent pas de la majorité au parlement et doivent pour cela obtenir le soutien ou l’abstention des partis de droite (PP et Ciudadanos) ou des indépendantistes catalans. Ces derniers se sont tous prononcés contre le soutien à l’alliance Sánchez-Iglésias du fait du refus des socialistes d’ouvrir le dialogue politique et de traiter la crise institutionnelle sur le terrain politique. Mais ERC a accepté d’ouvrir une négociation en annonçant que les socialistes devront « faire beaucoup mieux » que ce qu’ils ont déjà signé avec Podemos pour obtenir leur soutien.


Espanya 2019 (nov) Legislatives

Diputats

PSOE

120

34,3%

Unidas Podemos + Mas

37

10,6%

Compromís

1

0,3%

45,1%

P. Nacional.Basc

7

2,0%

EH Bildu

5

1,4%

3,4%

ERC

13

3,7%

Junts per Catalunya

8

2,3%

6,0%

CUP

2

0,6%

6,6%

BNG

1

0,3%

Part. Region. Cantabr.

1

0,3%

CC-P. Nacional. Canari

2

0,6%

Navarra +

2

0,6%

Ciudadanos

10

2,9%

PP

88

25,1%

Vox

52

14,9%

43,4%

Teruel existe

1

0,3%

TOTAL

350

Alà Baylac-Ferrer